samedi 14 avril 2007

Pour comprendre les chemins de l’écriture

Les Éditions Trois-Pistoles et Victor-Lévy Beaulieu, les deux sont indissociables, lançaient, il y a quelques années, la collection «Écrire» avec l’écrivain François Barcelo.
Une fresque où les écrivains et les écrivaines, «révèlent pourquoi ils écrivent, comment ils sont devenus écrivains, où ils vont chercher leur inspiration, ce qu’ils aiment (ou détestent) de leur métier», précise l’éditeur. On compte une trentaine de titres jusqu’à maintenant. Une édition solide, soignée qui ne craint pas les manipulations et les mauvais traitements.
Tout n’est pas égal dans ces témoignages. Il faut se rendre à l’évidence. Plusieurs écrivains sont peu portés à questionner l’acte d’écrire ou ce qui les pousse à jongler avec les mots dans la fureur des jours.
«La gloire et l’argent», claironnait Claude Jasmin dans son essai. Il n’en est pas à une pirouette près et à une provocation. Il est aussi étonnant que cette collection ne compte pas sur les écrivains Yves Beauchemin, Marie Laberge, Michel Tremblay, Larry Tremblay ou Michel Marc Bouchard. Les hommes ou femmes de théâtre ne semblent guère attirés par l’aventure. Il faudrait savoir pourquoi.

Louis Hamelin

Louis Hamelin a joué le jeu. «L’Humain isolé» explore le métier d’écrivain et les chemins de la littérature. Égal à lui-même, il emprunte les sentiers peu fréquentés, lance des flèches à ces auteurs qui prétendent bouder la lecture par crainte de voir leur génie s’oxyder par l’œuvre de l’autre. Drôlement bien envoyé et percutant. L’écriture commence par la lecture. On ne le répètera jamais assez. Écrire, c’est apprendre à lire le monde et son environnement.
«Trop de chefs, pas assez d’Indiens. Trop d’écrivains pour de moins en moins de lecteurs. Les facultés de lettres devraient fabriquer davantage de bons lecteurs et un peu moins de prosateurs dûment identifiés, le sceau de l’institution imprimé dans le front au sortir de la chaîne de montage. Car, à défaut de m’apprendre à écrire, l’université m’aura au moins appris à lire.» (p.49)
Hamelin regarde son enfance, secoue les rêves qui l’ont menés à écrire «La Rage» qui devait le propulser à l’avant-scène du monde littéraire au Québec. Il ne donne pas dans la dentelle et formule des questions fort pertinentes. Surtout, il s’élève au-dessus de ses textes et de la production des collègues.

Générosité

J’aime qu’un écrivain soit généreux, ouvre son univers et vous emporte dans ses premiers écrits, dévoile les obsessions qui ne cesseront jamais de le bousculer. Et quand un auteur, comme Hamelin, possède une vision de l’écriture et de la littérature du Québec et de l’Amérique, cela s’avère un festin.
Le romancier tient des propos plein de santé et de vigueur. Il ne craint pas de mettre le poing sur la table et de parler juste. Pas de mièvrerie ou de compromis.
Voilà le propre des vrais écrivains. Ils ne sont pas si nombreux au Québec et, surtout, ils ne font que rarement les manchettes.

«Humain isolé» de Louis Hamelin est paru aux Éditions Trois-Pistoles.

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