dimanche 8 juillet 2007

L’éolien: un véritable scandale au Québec

Lire «L’Éolien, pour qui souffle le vent», un collectif dirigé par Roméo Bouchard, nous fait retourner à l’époque de Duplessis. Le gouvernement Charest, il s’agit bien de lui, a improvisé des normes faites sur mesure pour céder l’énergie éolienne à des multinationales sans que cela ne fasse sourciller les partis d’opposition. Même qu’ils se font complices de cette aventure qui tourne à la tragédie. André Boisclair, pendant son court mandat comme chef du Parti québécois, a même refusé d’appliquer une résolution du conseil national de sa formation qui exigeait la nationalisation de cette ressource.

Improvisation

Roméo Bouchard et ses collaborateurs Jean-Louis Chaumel, Pierre Dubuc, Steeve Gendron, Paul Gipe, Gabriel Ste-Marie, Gaétan Ruest et Isabelle Thériaul cernent bien la question. À chaque page, on se demande pourquoi un gouvernement responsable, ayant à cœur les intérêts des Québécois, improvise des lois qui tiennent à l’écart et dans l’ignorance les petits producteurs et des populations qui s’intéressent à cette forme d’énergie. Pourquoi tout est fait pour favoriser les pétrolières qui ne savent quoi faire des milliards qu’elles engrangent depuis le début de la guerre en Irak. Le Québec se comporte encore comme un pays du Tiers-monde qui donne ses ressources naturelles.
Les gens de Cap-Chat, Baie-des-Sables, Saint-Léandre et Murdochville, en Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent, ont été laissés sans informations et sans ressources devant «des spécialistes» en communications venus vendre leurs projets. Ils ont fait naître l’espoir.
Quelques mois plus tard, ces mêmes citoyens sont cernés par des forêts d’éoliennes. Ils subiront bruit, pollution visuelle et autres inconvénients pendant vingt-cinq ans. Les MRC, avec les propriétaires des terrains, recevront des pinottes pour ces projets. Malgré les promesses, peu d’emplois ont été créés sinon une petite usine de montage. Les éoliennes sont fabriquées à l’étranger et les emplois se font attendre. Un scandale que la télévision de Radio-Canada a révélé.
Au Lac-Saint-Jean, dans la zone d’Hébertville, des gens tentent de se faufiler dans cette industrie, mais les obstacles sont difficiles à surmonter.
«Les municipalités, les groupes communautaires et les groupes autochtones peuvent y participer, mais ils ne sont guère avantagés dans la course par les règles établies. Les groupes locaux ne disposent toujours pas de quotas, ni de mesures de soutien technique et financier qui auraient pu compenser pour les moyens dont disposent de puissants promoteurs privés comme Trans-Canada ou SkyPower.»  (p.93)

Développement

L’éolien soulevait beaucoup d’espoir chez les régionaux. Ils ont maintenant le sentiment de s’être fait flouer par les grandes entreprises et le gouvernement.
Bien sûr, il est encore temps de proclamer un moratoire pour établir une véritable politique éolienne qui profitera à l’ensemble des Québécois. Cette ressource rapportera des milliards par année. Pourquoi l’offrir à des entreprises qui drainent les profits à l’extérieur?
«Il ne faut pas répéter avec l’éolien les erreurs passées qui  ont abouti au pillage et à la destruction de nos forêts, de nos réserves de poissons de fond, de nos mines, de nos sols et de nos rivières au profit d’entreprises étrangères, conduisant nos régions périphériques au bord de la ruine.» (p.12)
Le gouvernement de Jean Charest a démontré une incompétence et une insouciance révoltantes dans le secteur de l’éolien. Peut-on tolérer pareil aveuglement en 2007? 

Nationalisation

Hydro-Québec demeure l’entreprise idéale pour planifier l’exploitation de l’éolien. Québec peut devenir une puissance «du vent» comme elle l’est dans le domaine de l’énergie électrique.
 Il faudra cependant que les partis d’opposition demandent de nouvelles règles. Que les Trottier, Bédard, Côté et Gaudreault revendiquent une vraie politique pour les Québécois et la région. Il est plus que temps d’exiger du gouvernement qu’il respecte l’intérêt du Québec.
«Bernard Généreux exhortait le gouvernement à «ouvrir le débat sur la nationalisation» de l’énergie du vent. Avant que l’éolien ne se transforme en «filière rhodésienne» qui engraisse le «parc immobilier de Toronto», le gouvernement doit corriger le tir… «L’hydroélectricité est publique, pourquoi l’éolien nous échapperait?» (p.66)
Québec accordera de nouveaux contrats à l’automne. Les multinationales seront-elles les seules à profiter de cette manne à profits garantis? René Lévesque doit se retourner dans sa tombe.

«L’éolien, pour qui souffle le vent?», sous la direction de Roméo Bouchard a été  publié chez Écosociété.

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