dimanche 11 avril 2010

Louise Warren vit un livre à la main

Les livres ont toujours fait partie de la vie de Louise Warren. Dans «Attachements, Observation d’une bibliothèque», l’écrivaine jette un regard sur une aventure qui a commencé tôt.
«Rue Saint-Urbain, à chaque étage de la maison il y avait des bibliothèques. Dans celle de mon père se trouvaient une majorité de livres anglais. Surtout des encyclopédies, des bouquins sur la philatélie et l’histoire, ainsi qu’une section d’ouvrages sur l’architecture dont j’aimais tout particulièrement observer les plans et les photos d’intérieurs.» (p.12)
Les livres du père côtoyaient ceux de sa mère qui appréciait particulièrement les voyages. Rapidement, la fillette aura droit à sa propre bibliothèque.
«Quand ma sœur a quitté la maison, j’ai hérité de sa chambre et mon père a installé une série de planches sous les combles. Aux livres jeunesse que ma sœur avait laissés s’ajoutaient les miens.» (p.14)
La grand-mère vivait «deux étages plus bas» avec ses habitudes et ses livres. Une présence qui accompagne ou oriente les jeux de la fillette, lui permet de découvrir le monde.

Tous les livres

Les livres deviendront la vie de Louise Warren puisqu’elle abandonne tôt les études pour travailler en librairie.
«En janvier, je ne suis pas revenue à l’école. Je voulais travailler en librairie, je désirais tous les livres. Ironie du sort, les premiers mois à la librairie Ménard, mes employeurs m’envoyaient toujours à la cave chercher les manuels scolaires des élèves qui fréquentaient les collèges privés… …C’était en 1971. Le retour aux études se fit en 1993.» (p.153)
Curieuse de tout, elle flâne du côté du roman, de la poésie, des essais, des réflexions et de certains livres d’art. Il n’en fallait pas plus pour se constituer un monde, des goûts et une manière de vivre. Parce que la lecture a mené Madame Warren vers l’écriture. Comment pouvait-il en être autrement?
Exploration, découverte, mais aussi retour sur certains ouvrages qui deviennent des points d’ancrage, des références au même titre que certains lieux, certaines villes qui permettent de renouer avec des amis.

Délestage

La bibliothèque de Louise Warren est une gare de tri qui l’occupe beaucoup. Il y a des livres qu’elle abandonne après avoir effacé toutes les traces qu’elle a laissées en le lisant. Pour que le prochain lecteur s’y sente à l’aise, fasse ses propres découvertes peut-être. Si certains titres s’installent pour ne plus jamais la quitter, d’autres ne font qu’un court séjour sur les rayons.
«En parcourant sa bibliothèque, on s’aperçoit que la pensée fonctionne par plis, qu’elle reprend la forme des étagères, que nous ne sommes pas les mêmes en lisant. On peut se sentir complètement absent, abandonné, étranger, présent, vide ; il arrive même d’éprouver sa propre mort quand on n’entend plus rien d’un livre. Peut-être aussi à cause de ce poids que laisse la mort, je me départis de mes livres pour un autre lecteur qui saura leur donner vie.» (p.58)
En accompagnant Louise Warren, nous nous attardons auprès d’écrivains qui questionnent la poète. Rilke, Bachelard, Yves Bonnefoy, Katherine Mansfield, Emily Dickinson, Virginia Woolf, Nancy Huston, Borges et quelques écrivains du Québec comme Anne Hébert, Dany Laferrière, Marie Uguay et Pierre Nepveu. Des livres qu’elle attend! La biographie d’Anne Hébert et de Gaston Miron par exemple.

Centre du monde

Voyages, rencontres et nombre de découvertes de Louise Warren tournent autour du livre. Des moments précieux avec des éditeurs, des poètes, des illustrateurs, des peintres et des écrivains. Des lecteurs aussi qui viennent la rencontrer lors des manifestations littéraires. Parce qu’écrire, c’est aussi une lecture, prendre la route et rentrer changé et vibrant.
Voilà le parcours d’une lectrice qui sait bellement parler de ses découvertes et de ses coups de coeur. Elle rejoint un Robert Lalonde qui se fait découvreur du monde par ses lectures et ces écrivains qui le hantent et l’habitent. Louise Warren est de cette race qui explore le monde un livre à la main. Parce que vivre, peut-être, est la plus belle expérience de lecture que l’on puisse connaître.
«Je relis ces phrases non pas pour comprendre, mais pour revenir de mon effet de surprise. Passer doucement, tel est mon souhait. Le tissu de mon langage provient de l’émotion, une science comme une autre qui crée le langage poétique. La poésie, une forme d’intelligence qui s’applique à vivre. Je ne chercherai pas davantage. Cela suffit.» (p.171)

«Attachements, Observation d’une bibliothèque» de Louise Warren est paru à L’Hexagone.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire