lundi 24 juin 2013

Hervé Gagnon peut provoquer la dépendance



Quatre mois après la parution du «Glaive de Dieu», premier tome de «Vengeance», Hervé Gagnon publie «Le grand œuvre», la suite. Cet écrivain écrit à un rythme étourdissant. Son héros, Pierre Moreau, se débat entre des factions qui sont prêtes à tout pour mettre la main sur l’Argumentum. Celui qui percera le secret de ce document pourra faire s’écrouler les assises de la civilisation occidentale.

Pierre Moreau, fils de Jean-Baptiste-Michel Leclair, modeste professeur d’histoire, est entraîné chez les francs-maçons par son futur beau-père, Émile Fontaine. C’est le début d’une aventure époustouflante où les assassinats se multiplient autour du jeune homme. Il se retrouve au centre d’une guerre qui oppose l’Église catholique par le biais du Gladius Dei et l’Opus Magnum des francs-maçons qui tentent de respecter les promesses des Templiers qui ont juré de protéger le précieux document retracé à l’époque des Croisades. Cette tablette remet en question l’existence de l’Église, de Dieu même. Nous savons que l'Argumentum se retrouve en Amérique du Nord, quelque part dans la ville de Montréal. C’était à peu près la trame du premier volet.

Héritier

Pierre, dernier d’une lignée de gardiens, est le seul à pouvoir trouver l’endroit où a été dissimulé le document. Il est l’héritier que l’Opus Dei cherche à éliminer pour que personne ne mette la main sur l’Argumentum et l’utilise. Les francs-maçons n’entendent pas abandonner si facilement. Les opposants s’affrontent dans une guerre où tous les coups sont permis. Et voilà qu’un autre groupe joue du coude dans l’ombre. Des Juifs, des descendants de la tribu de Levi, convoitent cet écrit afin de faire des pressions sur la communauté internationale, pour parvenir enfin à créer l’État d’Israël. Nous voilà dans l’actualité.
Les attentats se multiplient, les tromperies, les trahisons, les meurtres et les surprises. Tous ont besoin de Pierre Moreau pour mettre la main sur le secret tant convoité. Le jeune homme a des raisons personnelles de chercher ce document. Il veut à tout prix libérer Julie Fontaine, sa promise, qui a été enlevée par la faction juive.

Amour et actions

Des morts reviennent à la vie mystérieusement, des disparus surgissent. Peu à peu, le lecteur plonge dans un monde parallèle. Il faut arriver les premiers dans cette course où chaque seconde compte. Le professeur d’histoire déchiffre certaines énigmes à partir d’un tableau de Nicolas Poussin: «Les bergers d’Arcadie». Il est convaincu que l’Argumentum se retrouve dans la tombe de Jeanne-Mance, la fondatrice de Montréal avec Paul Chomedey de Maisonneuve.
Poursuites effrénées dans les rues de Montréal, recherches pour retrouver le tombeau de Jeanne-Mance qui n’est pas situé à l’endroit que les historiens ont prévu.

Là, je suis devenu frénétique, lisant sur le bout de ma chaise, tournant les pages à un rythme inhabituel, moi qui aime m’attarder sur les phrases. Je voulais savoir et même si j’avais un peu la prétention de percer deux ou trois mystères, je dois avouer qu’Hervé Gagnon a réussi à me mystifier et à multiplier les fausses pistes. Et cela jusqu’à la toute fin où la course semble vouloir trouver un second souffle quelque part dans l’Ouest canadien.

La Bible

J’ai eu un peu de mal avec la partie biblique du roman au début, comprenant mal ce long détour. Rapidement pourtant, j’ai vu que c’était de ce côté des choses que viendraient les explications. Hervé Gagnon réussit à donner une couleur contemporaine aux longs exils des Juifs relatés dans la Bible et à leurs revendications millénaires. La volonté de créer un état israélien domine le cours de l’histoire de ce peuple de nomades et n’a pas été sans provoquer nombre de frictions et de guerres. Un rêve qui a connu son aboutissement après la fin de la Deuxième Guerre mondiale. L’auteur se sert habilement de ces faits historiques pour nous bousculer.
Que dire? Hervé Gagnon multiplie les traquenards, les indices, nous plonge au cœur d’une aventure fascinante. Ce marathon ne prend fin qu’à la page 439 d’un récit étonnant. Et même là, on en voudrait encore parce que cet écrivain nous rend insatiable, accroc aux aventures qu’il déploie avec les aisances d’un prestidigitateur. La lecture des romans d’Hervé Gagnon peut provoquer la dépendance, j’en suis convaincu.

«Le grand œuvre» d’Hervé Gagnon est paru aux Éditions Hurtubise.

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