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jeudi 15 décembre 2005

Jean O’Neil continue son exploration du Québec

Jean O’Neil, depuis des années, sillonne le Québec, raconte ses périples, esquisse des portraits d’hommes et de femmes. Cette fois, il nous entraîne au Témiscaminque et en Abitibi.
Un pays tout neuf comme on dit, un pays sans frontières qui a servi de déversoir «lors du retour à la terre». Rapidement, cet espace de lacs et de forêts d’épinettes, est devenue un Klondike. L’or et les métaux ont tout changé. L’Abitibi devenant le lieu où il était facile de s’enrichir en claquant des doigts. Du moins on le répétait!
O’Neil plonge dans ce pays mal connu, invente Mélodie qui devient muse, fantasme et guide. Même Champlain est du voyage.

Topographie

Intéressant d’apprendre qu’Eugène Rouillard a baptisé ce territoire du nom des officiers de Montcalm. Il était président de la Commission de géographie et responsable de la toponymie au Québec au moment de la colonisation.
«Quelques noms des cantons de ces braves? Du régiment de la Reine, Des Méloizes, Roquemaure, Hébcourt, Montbray, Dasserat; du régiment de la Sarre, Palmarolle, Duparquet, Duprat, Beauchastel; du Royal-Roussillon, Chazel, Poularies… » (p.35)
Des rencontres avec Michel Pageau, celui qui chante avec les loups. Il est devenu un héros après le passage de la télévision. Anne-Marie Larimée a inventé l’école à Saint-Clément-de-Beaudry et une foule de gens qui jurent que tout est possible dans ce pays. Même le cardinal Marc Ouellet a joué au hockey en Abitibi.
O’Neil décrit ce pays de façon attendrissante quand il se laisse porter par la Harricana ou «la forêt enchantée» de Ville-Marie que j’ai eu le plaisir de visiter.
«Dans les eaux dormantes des fossés qui bordent les routes du Québec fleurit d’abord la salicaire, rouge, un peu moins que le sang, mais rouge à grandeur des chemins d’été qu’elle accompagne. Plus on avance vers le Nord toutefois, plus la salicaire cède sa place à l’épilobe, qui fleurit entre les jambes de l’orignal, qui fleurit rose tirant sur le violet dans une espèce de magenta qui décore tout un morceau de pays.» (p.105)
Des explorateurs, des inventeurs, des hommes et des femmes qui aiment ce pays et en parlent d’abondance. Des rencontres avec des joueurs de hockey, des politiciens, des curés, un évêque et qui encore?  Les originaux ne manquent pas.
Mais pourquoi Jean O’Neil ne mentionne jamais les écrivains qui décrivent ce pays sauvage et envoûtant? Jeanne-Mance Delisle, Jocelyne Saucier, Louise Desjardins, Susanne Jacob, Pierre Yergeau, Lise Bissonnette et Raoul Duguay sont aussi intéressants que Réal Caouette et Jacques Laperrière...
Encore une fois O’Neil manque de tonus. Mais certainement le récit le plus réussi… dans le genre O’Neil. Autant son écriture s’élève en épiphanies, autant elle devient anodine dans la page suivante.

«Mon beau Far West» de Jean O’Neil est paru aux Éditions Libre Expression.

dimanche 12 août 2001

L’art de nous faire découvrir notre pays

Jean O'Neil pratique l'art de la mouvance comme on le fait de la prière. Ses «escapades» occupent une journée, ces quelques semaines d'été, quand on cherche à oublier le travail pour n'être plus qu'un regard, qu'un chercheur «d'ailleurs». Ici, dans «Les escapades», il reprend une série de textes déjà parue dans le magazine Géo Plein Air. Une trentaine de courts récits où le chroniqueur livre ses découvertes, ses méditations au fil des saisons.
Jean O'Neil, c'est l'art de s'arrêter devant un arbre, un ruisseau qui descend à flanc de montagne, de s'extasier quand une chute de lumière aveugle quelques instants entre deux nuages. Il est tout aussi fasciné par un champignon qui éclate sous un arbre que par les jeux des lièvres dans une clairière. Il pratique l'écriture comme un peintre s'adonne à l'aquarelle.
Il traque la formule heureuse, l'image qui vous touche comme une caresse, la phrase qui se change en souffle tiède quand les feuilles murmurent dans une nuit de juillet. Jean O'Neil sait l'art des «petits bonheurs quotidiens» que l'on vit trop souvent sans s'arrêter.
Sans être un fidèle des récits de Jean O'Neil, il m'est arrivé de croiser l'un de ses livres assez régulièrement parce qu’il écrit beaucoup. Je pense à «Bonjour Charlie», à «Terre rompue» où O'Neil explorait un coin de pays que je connais particulièrement bien. J'ai toujours éprouvé du plaisir sans être enthousiasmé. Un peu de déception quand l'écrivain coupe rapidement, remue des clichés sans leur tordre le cou. Mais quel plaisir quand, au détour de la lecture, comme dissimulée derrière une grosse épinette joufflue, une image vous coupe le souffle. Il suffit de se pencher sur des morilles ou, retenir son souffle devant une sterne, à Godbout, quand elle se jette dans la mer. Après ce moment de grâce, nous sommes prêts à tout pardonner à Jean O'Neil.

Nouveau regard

L'homme explore, l'homme marche le Québec, nous entraîne dans des voyages que nous avons fait des dizaines de fois. Il raconte la ville, un bout de rue qui devient un sentier, s'attarde dans un parc pour surprendre le monde. C'est par cela surtout que Jean O'Neil est un écrivain nécessaire.
«Le printemps en ville, en banlieue surtout, c'est le merle qui siffle dans le lilas, aux crépuscules de l'aube et du soir, et qu'on voit sautiller sur la pelouse pour lui tirer les vers du nez. Ce sont les hirondelles bicolores qui font l'amour sur la corde à linge près du poteau où est planté leur nichoir.» (p.43)
Mot à mot, récit après récit, pas à pas, Jean O'Neil sillonne ce Québec qu'il aime et qu'il ne cesse de découvrir. Il a le très grand mérite de montrer à tous qu'il suffit d'avoir l'oeil, un peu de temps pour surprendre les merveilles qui nous entourent. C'est dans le détail, ces petites aquarelles qu'il faut le déguster sourire aux lèvres.
«La morille est une déesse. Elle se fait rare et subtile. Elle se pique d'être la délicatesse de la terre dans la grossièreté de son environnement, et elle fait cela avec une autorité gênante. Je ne sache pas que quiconque soit passé à côté d'une morille sans la voir. Si petite soit-elle, elle s'impose. Elle proclame humblement qu'elle n'appartient pas à son milieu.» (p.69)
Comment ne pas vouloir y goûter après cela?

«Les escapades» de Jean O’Neil est paru aux Éditions Libre Expression.