mardi 14 décembre 2004

Ying Chen trouve refuge dans l’écriture

Ying Chen, écrivaine d'origine chinoise, arrivait au Québec en 1989. Son entrée dans la littérature d’ici fut assez spectaculaire avec «Les Lettres chinoises», «L'Ingratitude» et «Immobile». Des ouvrages qui permettaient de découvrir une belle sensibilité et un monde fascinant. Dans «Quatre mille marches», elle explique son rapport à l’écriture et la vie.
«Je veux que pour une fois mon carnet soit exempt des éléments fictifs, qu'il serve de point final à une tristesse usée. Un enterrement peut être parfois un secours.» (p.9)
Lors d'un retour à Shanghai, le temps de tourner un documentaire, elle retrouve ses parents après dix ans d’exil. Pas de larmes, aucune exubérance! Ying Chen est devenue une étrangère au pays de sa naissance. Dorénavant, sa patrie est le monde de l'écriture.
«Aujourd'hui, j'ai l'impression de n'être pas vraiment née, de n'avoir jamais vraiment vécu avant vingt-huit ans, avant de m'être mise à écrire pour de bon.» (p.13)

Abandon

En quittant la Chine, Ying Chen abandonnait sa nationalité comme une vieille robe et plongeait dans une nouvelle langue pour s'y effacer. Il faut peut-être parler de mutation dans son cas. Comme si elle s’arrachait à tout ce qu’elle était pour se sculpter dans une nouvelle culture, d'autres langues devrais-je dire. Le « territoire des langues » donne dorénavant une direction à sa vie et contribue à former un nouvel être à chaque expression ou mot qu’elle découvre. Elle est heureuse dans ces glissements vers une autre identité. Comme une voyageuse qui se grise du vol de l’avion mais qui veut repartir aussitôt qu’elle a posé le pied dans l’aéroport.
«Mais l'écrivain par sa nature d'enfant sauvage est irrésistiblement attiré par la langue et la littérature, cette chose vague, indéfinie et sans cesse en devenir, qui risque à tout moment de lui filer entre les doigts. L'écrivain est en exil dans la langue.» (p.93)
Elle a d'abord apprivoisé le français mais ce n'était que le début d’une longue pérégrination. La migration la pousse encore et toujours vers «cette autre femme» qu'elle pourchasse en plongeant dans d’autres langues pour «renaître, avec une peau toute neuve, sans plaie et respectable?»

Le rêve

«Je rêvais et je rêve encore de franchir la barrière des langues, convaincue que toutes les cultures peuvent me nourrir, que je suis ma propre origine qui se forme, se disperse et se reforme au fur et à mesure que je voyage, que je suis moi avant d'être shanghaïenne, chinoise, québécoise, canadienne ou autre.» (p.48)
Comme si en explorant une autre langue, elle cherchait à oublier tout ce qui fait qu'elle  est Chinoise.  Il faut savoir que Ying Chen a grandi pendant la Révolution culturelle en Chine. Un régime politique où le je n’avait guère d’espace et de sens. Aujourd’hui, elle semble basculer dans l'excès contraire. Elle nie toute appartenance, toutes racines pour n’être plus qu’un moi errant. Elle peut sembler moderne à l’époque de la mondialisation mais rejeter l'histoire et tout nationalisme, est-ce raisonnable? Que serait Léon Tolstoï sans sa langue, son peuple et son milieu? Qu'aurait été Gabriel Garcia Marquez et Günter Grass sans des ancrages nationaux qui en ont fait les écrivains que nous connaissons. Danny Laferrière peut-il oublier sa naissance haïtienne? Est-ce que le glissement d’une langue vers une autre peut donner un ancrage à un écrivain? Arrivera-t-elle à «construire un abri pour mon corps méprisable.»
«On existe, n'est-ce pas, dans la langue et par la langue.» (p. 36) «Je ne sais plus trop où est mon vrai sol et quelle est ma vraie langue. Le passé et l'avenir se confondent.» (p.37)
Ying Chen s’accroche à ce présent qui file et s’échiffe. Un instant qui contient à la fois le passé et l’avenir. Une réflexion troublante et une haine dérangeante de ce qu’elle est «de ma peau avec son insupportable couleur, cette laideur et cette honte!».
L’esthétisme de Ying Chen me semble beaucoup plus une dérobade qu’un véritable approfondissement de ce qu’est l’écriture, cette quête de soi et du monde qui surgit et se transforme dans et par le langage. L’apprentissage des langues, de toutes les langues dans ce cas, devient un abandon et une négation de soi. Bien plus, c’est là une trajectoire qui risque de faire oublier l’écrivaine que nous avons découvert avec bonheur. Dans «Quatre mille marches» on ne retrouve pas la justesse de la langue de «L'Ingratitude», ni sa limpidité. Le français de Ying Chen semble s’étioler. Dommage! A vouloir posséder toutes les langues, on n'en maîtrise peut-être plus aucune.

«Quatre mille marches» de Ying Chen est paru aux Éditions du Boréal.

Mathieu Arsenault s’attarde aux jeunes

Mathieu Arsenault en est à sa première plongée dans le roman et il bouscule les règles et toutes les convenances dans «Album de finissants». On n’en attend rien de moins d’un jeune écrivain qui cherche à transformer le monde par l’écriture. Il faut du culot et toutes les audaces pour se lancer dans une pareille aventure.

Des garçons et des filles, des révoltés, des marginaux, des doués et des oubliés parlent de l’école, de leur réalité et de leur monde asphyxiant. Des clichés s’y succèdent, des sourires plus ou moins confiants devant l’avenir qui s’ouvre sur tous les horizons. Est-ce une fin ou un début? Comment savoir? Des élans, des colères mais surtout un milieu qui écrase autant les doués que ceux qui sont largués. Un rap sans fin qui martèle une longue confession qui donne des frissons.
Comme dans ces albums de fin d’année où l’on surprend un chapelet de visages qui ont su résister à l’épreuve mais qui semblent effarouchés devant l’avenir.
«Plus je me débats plus ça se resserre l’étudiant modèle sur les dents poussin courbé lapin étouffe dans un collet mais il sourit quand même quand il reçoit sa belle note de fin d’étape signez signez parents de février au sinistre bulletin des choses signez au stylo sur les lignes de genévrier pleines de la neige de celui qui n’en finit plus de tomber au stress de performer à l’école comme dans la vie tes notes c’est tout ce que t’as mon grand garçon fais pas honte à ton éducation.» (p.25)

Matières

Mathieu Arsenault évoque les matières que les étudiants doivent fréquenter quand ils subissent les lois des professeurs et des parents. Une sorte de jubilation qui débouche sur des moments particulièrement intéressants quand il bascule du côté des mathématiques ou des sciences. Un beau délire.
«En biologie le monde est si petit il y a le jour et la nuit y a la mer et y a la pluie en fines particules qui tournent en cycle à la page cent trente-six mais c’est à la dernière page que je voudrais me coucher d’avoir tout su perdu dans le blanc de la page de garde ma chérie tombe ruisselée évaporée reste près de moi encore une pluie que les flèches du tableau 5.8 font tomber sur mon corps tordu je suis fait en papier tu m’allumes tu me brûles tu me fus et je pars en fumée dans ton nuage d’école en feu qui nous réchauffe le cœur ma vapeur monte et je suis diffus enfin.» (p.108)
Au diable les règles et la ponctuation! Arsenault déconstruit la langue et bouscule la grammaire. Il s’abandonne à la frénésie du dire et s’amuse avec les images tel un cracheur de feu.
«Le petit lapin. Quand le printemps revient de nouvau virgule quant le printamps revien de nouveau virgule tous les annimaux de la forêt surgicent de l’heure tanniêre le preintemp revient de nouveaux virgule tous les animmaux de la forèt surgisse de leurs tanières et retrouve le soleil point tout les animeaus de la forait suregisent de leurs taniaire et retrouvouvent le soleille poing…» (p.7)
Autant se laisser emporter par la magie de cette écriture qui bondit dans toutes les directions. Exigeant pour le lecteur mais l’aventure en vaut le coup.
«Viens m’embrasser en plein cours dégrafe ton soutien-gorge je veux me coucher dans la chaleur de ton corps grande chaleur peau sur mon bureau pour dormir et rêver peut-être mais dans ce rêve suivre encore le cours et viens me border plus profond encore jusqu’à la folie je me lève sans rien dire à personne et je sors en plein examen pour je sais pas quoi je sais rien l’examen reste blanc comme ta petite culotte que je cherche à tracer sur ma feuille les lettres s’arrêtent sur ton nom à chaque question j’écris rien je calcule rien je pense à rien la tête couchée sur mon bureau end on the line fin de la corde à linge tout sèche tout cours pour rejoindre mon amour dans le blanc d’examen dans le zéro pour cent du monde.» (p.81)

Mathieu Arsenault, «Album de finissants» de Mathieu Arsenault est paru aux Éditions Triptyque.

mercredi 17 novembre 2004

Jean Désy retrouve son pays du Nord

Jean Désy ramène son lecteur vers le Nord, le pays que cet écrivain prolifique, médecin et globe-trotter, affectionne. Dans son dernier ouvrage, il nous entraînait en Nouvelle-Zélande avec sa fille Isabelle. Ici, il trafique un peu. Pas étonnant quand nous connaissons l’homme, sa passion de la découverte, l’application qu’il met à vivre avec ses enfants malgré une famille éclatée. Parce qu’avec cet écrivain, né à Kénogami, la fiction se faufile souvent dans sa vie. Un bon mélange!
Peut-être aussi qu’en se glissant dans le roman et en donnant la parole à Geneviève, il cherche à mieux se surprendre.
La jeune fille débarque à Puvirnituq, regarde, s’étonne et reste interdite. Une belle manière de faire voir ce pays de glace, de froid et de lumière, de douceur et de violence crue.
«Tout à coup, je l’ai aperçue: elle s’étirait d’un bout à l’autre du ciel, comme si un prestidigitateur l’avait tendue sur une corde à linge gigantesque. Elle dévoilait un rideau de dentelle verte qui voletait, se balançait, frémissait. Des franges disparaissaient puis réapparaissaient à tout moment, comme par enchantement. Papa était aussi impressionné que moi, même s’il avait observé des centaines d’aurores boréales dans sa vie.» (p.67)
Geneviève se heurte au pire des Inuits et au meilleur. Quand les Inuits ont bu, ils deviennent des étrangers. Mais dans la vie de tous les jours, elle s’étonne de leur patience, de leur douceur, de cet humour aussi que rien ne perturbe.
La jeune femme vit son voyage initiatique dans le Nunavik avec passion. Deux mondes se heurtent, se repoussent et se fascinent. Deux univers se font face.
«C’est ici que je me sens vivre le mieux. Je me sais au meilleur de moi-même. J’ai l’impression qu’ailleurs, au Sud, en tout cas, je n’arrive pas à être au meilleur de ce que je peux être ni de ce que je peux offrir aux autres. Cette mer-là, le ciel qui s’élève tout au bout de la mer, là-bas, c’est comme si je les avais moi-même inventés. C’est fou, mais c’est comme ça! Je ne sais pas si ça te fait le même effet, mais moi, ça me soulève! Je déchirerais ma chemise. Je me mettrais à courir tout nu sur la glace pour montrer au monde entier que je trouve ça beau.» (p.102)

Confrontation

Geneviève expérimente une autre manière de manger, d’agir dans un univers écrasant. Quand la vie dépend de la chasse ou de la pêche, les codes s’évanouissent. C’est peut-être là que Jean Désy découvre le sens du voyage, cette manière de bousculer ses certitudes et ses convictions! Une façon aussi d’éprouver ses croyances.
Il y aura bien quelques palpitations, des regards d’amoureux mais Geneviève évitera les bras du beau Putulik. Ce serait trop simple. Une fin dramatique à souhait! Vous verrez!
Désy aime ce monde aride, impitoyable où chasser et pêcher façonne l’être humain. Une chance aussi de retrouver l’essentiel, le vrai que la vie moderne occulte et fait oublier. La pêche, une expédition pour surprendre les caribous, la rencontre avec un renard arctique, les perdrix blanches, tout devient fascinant.
Et surtout, Désy décrit ce pays avec des couleurs inoubliables. Il suffit de quelques pages et nous avons envie de partir pour ce pays mal connu.
«Les amoncellements de glaces étaient géants. On aurait dit des châteaux du Moyen Age, mais détruits par de grandes batailles. Des pièces rectangulaires ou carrées s’empilaient de n’importe quelle façon, comme abîmées par les boulets. Seuls certains morceaux étaient intacts. Une tourelle ici, un donjon là. Féerique!» (p.163)
Alors, il reste à empoigner les mots de Jean Désy, comme on le ferait d’une motoneige pour se lancer dans la toundra. L’éblouissement se dissimule tout près de l’horizon.

«L’île de Tayara» de Jean Désy est publié par  XYZ Éditeur.
http://www.editionsxyz.com/auteur/5.html

mardi 9 novembre 2004

Lise Tremblay remporte le prix France-Québec

Lise Tremblay remporte le prix littéraire France-Québec avec son recueil de nouvelles intitulé «La Héronnière» publié chez Leméac Éditeur.
Pour l’écrivaine d’origine saguenéenne, il s’agit d’un troisième prix qu’elle rafle avec cet ouvrage qui a été particulièrement bien reçu par la critique et qui devrait connaître une version anglaise bientôt. Elle a déjà remporté le «Grand prix de la ville de Montréal» l’automne dernier en plus du «Prix des libraires».
«C’est le tour du chapeau», lance l’écrivaine qui venait tout juste d’apprendre qu’elle était la lauréate pour l’année 2004. «C’est un beau prix et un troisième prix pour mon recueil de nouvelles, c’est quand même extraordinaire. Ça commence à être un peu gênant. Je suis très contente mais je crois bien que ce sera le dernier cette fois», de dire l’auteure qui était présente au Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean en septembre pour parler de ces nouvelles qui se déroulent à l’Île aux Grues.
Le prix lui sera attribué à Paris, en mars prochain, à l’occasion du Salon du livre. Elle devrait séjourner alors dans la capitale française pendant deux semaines pour faire la promotion de son livre.
«Je pense que c’est une assez grosse affaire à Paris. Ils accordent pas mal d’importance à ce prix. La bourse est de 1800 Euros environ, je ne sais pas comment cela donne en argent canadien mais c’est formidable», de dire la lauréate qui est aussi enseignante au cégep du Vieux-Montréal.

Les nouvelles


Rappelons que dans «La Héronnière», Lise Tremblay met en place des hommes et des femmes qui vivent depuis toujours dans l’Île aux Grues et de nouveaux arrivants qui s’installe au milieu du Saint-Laurent pour y trouver la paix et la tranquillité. Des retraités souvent qui cherchent un coin de campagne pour profiter du décor et y écouler des jours paisibles. Ces nouveaux arrivants ou ces résidants saisonniers se heurtent à ceux qui ne sont jamais partis et qui se méfient, ne se livrant jamais. Les amitiés ne doivent jamais franchir une certaine frontière même si les deux groupes sont condamnés à se côtoyer. Quand certaines limites sont transgressées, il peut arriver le pire. Des nouvelles qui permettent aux mêmes personnages de passer d’un texte à l’autre.
«La Héronnière» est un livre fort et magnifiquement écrit. Un bel honneur pour cette écrivaine. Elle a déjà remporté le prix du Gouverneur général avec son roman «La Danse juive» également publié chez Leméac Éditeur.

«La Héronnière» de Lise Tremblay est publié chez Leméac Éditeur.

mercredi 13 octobre 2004

Pierre Demers se contente de la banalité

«Poèmes» lit-on sur la page couverture de «À l’ombre de Sainte-Anne». Il est vrai que le poème a un sens plutôt large de nos jours. Mais parlons ici de petites proses qui se déguisent vaguement en poèmes.
J’ai retourné les premiers textes à l’envers et à l’endroit et puis j’ai compris… Le narrateur, un adolescent, est pensionnaire dans un collège comme il y en avait dans les années 60 au Québec. Qui ne connaît pas Sainte-Anne-de-Beaupré, tout près de la Capitale nationale. Grand lieu de prières, de miracles connus, reconnus ou inventés, lieu de pèlerinages et de grandes illusions.
Un jeune garçon y étudie, loin de sa famille. L’ennuie le ronge. Le petit garçon, Pierre Demers, le «je» omniprésent ne saurait mentir, vit les hauts et les bas de cette réclusion, jongle parfois avec une vocation qui pourrait le conduire dans le Grand Nord pour évangéliser qui l’on sait. Les prières, les études, les leçons, les jeux, les lectures, le dortoir et l’infirmerie font partie de son quotidien. Le lecteur est invité à le suivre dans près de quatre-vingt écrits de trente phrases par page. Une contrainte que l’auteur s’est imposée? Qui sait?
«Ils ne cessent de nous dire qu’Il est partout,
Toujours présent.
Ils nous disent qu’Il nous épie constamment.
Je n’y crois pas trop.
Si c’est vraiment Dieu, on ne fait pas le poids.» (p.13)

Oralité


Pierre Demers amorçait, avec «Charny», l’exploration de son enfance. «À l’ombre de Sainte Anne» devient une suite de cette démarche. Même format, même ton, même présentation et… même écriture. Si l’idée est sympathique, l’aboutissement demeure fort décevant.
Pour avoir entendu Pierre Demers à plusieurs reprises, lors d’une soirée de lectures, ce genre de prose coule assez bien. Les rires fusent ici et là mais une lecture véritable dévoile vite la recette et un canevas sans cesse remanié.
«Alex, c’est le plus malpropre du groupe des petits.
Il ne se lave jamais.
Quand le surveillant du dortoir l’oblige
À se laver les pieds, on fait le saut.
Ses pieds sont noirs.
Il a beau les brosser avec une brosse,
Ça ne part pas.
Il déteste l’eau.» (p.17)
Je veux bien de «la langue» du jeune garçon mais la formule devient lourde  après une dizaine de textes.
«Leur souffrance est intolérable.
Ils sont cloués à leur lit, les yeux rivés
Sur la statue de sainte Anne en face,
Attendant l’impossible en suppliant.» (p.69)
Bien sûr, des segments font sourire, des éléments s’avèrent plus heureux, mais trop souvent, on s’enlise dans les banalités. Demers patauge dans une écriture terne qui ne lève jamais. La recherche d’effets aussi est loin d’arranger les choses. Il aurait fallu ramasser et resserrer. On dirait un collage mal ajusté.
Dommage! L’idée est sympathique mais il aurait fallu une prose forte et originale pour accompagner la démarche. Le lecteur est continuellement repoussé du côté de l’anecdote et ça finit par agacer.

«À l’ombre de Sainte Anne» de Pierre Demers est paru aux Éditions Trois-Pistoles.