dimanche 3 avril 2011

Une sombre page de l’histoire de l’humanité

L’histoire des Africains vendus comme esclaves reste encore méconnue. Plusieurs dizaines de millions d’individus ont été capturés et réduits à l’état de bétail. 
Les colonies américaines, entre autres, ont utilisé cette main d’œuvre pour la culture du riz, de la canne à sucre et de l’indigo.
Aminata vit auprès de sa mère, une sage-femme, et de son père joaillier. Elle apprend le métier auprès de sa mère même si elle est encore une fillette. Tout serait bien s’il n’y avait cette menace qui plane sur le pays.
«C’était une époque troublée et, sans tous les bouleversements, le mariage entre un Peul et une Bambara n’aurait jamais été permis. Des personnes disparaissaient et les villageois, craignant de tomber aux mains des ravisseurs, formaient de nouvelles alliances avec des villages voisins. Chasseurs et pêcheurs se déplaçaient en groupes. Pendant des jours et des jours, des hommes construisaient des murailles autour des villes et des villages.» (p.25)
Aminata est capturée lors d’une rafle. Son père et sa mère sont égorgés.
S’amorce alors un périple qui durera des mois. Enchaînés, ils doivent marcher vers l’océan Atlantique malgré la pluie, la chaleur, la faim et la maladie. Enfants et femmes enceintes font partie de cette incroyable odyssée. L’une accouche pendant le périple et doit continuer. Animata croit vivre l’enfer, mais elle comprend vite que le pire est à venir. Ils sont entassés dans la cale des navires, enchaînés l’un à l’autre. La maladie, la mort frappe à tous les jours et les cadavres sont jetés à la mer. On leur sert un peu de nourriture dans des auges et des chaudières. Il faut imaginer la senteur des excréments et des cadavres qui colle aux flancs de ces navires. Plusieurs captifs perdent la raison.
La jeune fille s’en tire un peu mieux que les autres. Le médecin la prend sous sa protection et la garde dans son lit. La fillette assiste aux ébats de ce dernier avec les esclaves à tous les soirs ou presque. Elle réussit à se nourrir et aide les autres du mieux qu’elle peut.

Amérique

Elle survit à la traversé et est vendue à un producteur d’indigo qui exploite un domaine près de Charles Town ou Charleston en Caroline du Sud. Elle réussit à se faire une vie en aidant lors des accouchements. Les Noires et certaines Blanches. Elle pense connaître un certain bonheur en épousant un compagnon de traversée. C’est sans compter la convoitise des maîtres qui « aiment bien » les belles esclaves. Son fils lui sera enlevé et vendu. Animata sera achetée par un Juif avec qui elle apprendra la tenue des livres et la littérature. La lecture et l’écriture restant interdites aux esclaves. 
Lors de la guerre d’indépendance des Américains, beaucoup de Noirs ont pris le parti des Britanniques en échange de leur liberté. Ils se retrouvent en Nouvelle-Écosse où on leur a promis la liberté et des terres. Des promesses qui ne seront jamais tenues.
«Ils s’étaient servis de nous de toutes les façons pendant leur guerre. Cuisiniers. Prostituées. Sages-femmes. Soldats. Nous leur avions donné notre nourriture, notre lit, notre sang, nos vies. Et lorsque les propriétaires d’esclaves arrivaient avec leurs histoires et leurs papiers, les Britanniques nous tournaient le dos et les autorisaient à se saisir de nous comme de la marchandise. Notre humiliation ne voulait rien dire pour eux, ni nos vies.» (p. 363)
Animata garde espoir pourtant de retrouver son mari et sa fille May qu’on lui a enlevée. Elle embarque dans le rêve de fonder une colonie libre au Sierra Leone. Ce retour en Afrique la hante depuis toujours. Là encore, malgré la meilleure volonté de quelques Britanniques, les engagements ne seront pas tenus.

Abolitionnistes

Animata finira en Angleterre pour appuyer la lutte des abolitionnistes. Elle connaîtra la célébrité et rédigera ses mémoires tout en ayant la chance de retrouver sa fille.
Lawrence Hill a effectué un travail magistral, s’appuyant sur des faits historiques et des personnages réels pour ancrer l’histoire d’Animata. Une tache sur la mémoire de l’Occident où des millions de personnes ont trouvé la mort dans ce commerce ignoble. Un racisme qui va au-delà de l’entendement. « Animata » fait comprendre et voir l’horreur de l’esclavage. Une tache qui marque à jamais l’histoire de l’Occident. À lire absolument. 

« Animata » est paru aux Éditions de la Pleine lune.

dimanche 27 mars 2011

La douce et lente dérive de Mélissa Verreault

Une hésitation, une sorte de recul a marqué mon entrée dans «Voyage léger» de Mélissa Verreault. Comment expliquer? Question de rythme et de fluidité. Quelque chose grinçait.
C’est ce qui arrive quand on passe trop rapidement d’un livre à un autre. Je venais de refermer «Le seul instant» de Robert Lalonde et que j’en étais encore tout imbibé.
Plusieurs heures plus tard, je suis revenu au roman de Madame Verreault. Miracle: mes hésitations étaient tombées. Rapidement j’ai emboité le pas d’Ariane, une jeune femme qui voit son couple s’enliser et qui décide de secouer sa vie.
«Je suis venue ici pour avoir la paix, mais je me rends compte d’une chose : les lieux ne sont pas paisibles. Le calme est en nous ou n’est pas. J’ajuste la température du jet de la douche, que ce soit bouillant. De quoi faire fondre ce qui résiste. Mes vêtements glissent sur le sol. Il faudrait aller m’en acheter de nouveaux. Ceux-là ne me ressemblent plus. Le corps nu reflété par la glace ne me ressemble pas davantage.» (p.18)

Oublier

Oublier les maux de l’être, les amours qui usent et laissent un goût amer dans la bouche. Les séparations et les voyages dans les pays lointains témoignent de ce désir de casser la routine et de secouer la fadeur des jours.
Ariane oublie de monter dans l’avion et se réfugie dans un hôtel anonyme, un quartier inconnu de sa ville. Peut-elle devenir une autre? Peut-on être ailleurs dans une agglomération que l’on pense connaître? Parce qu’il y a plusieurs villes dans une grande cité. C’est connu, les gens habitent une rue, un quartier et ils ignorent souvent à peu près tout des différents secteurs d’une métropole. Parce qu’une ville reste un lieu connu et abstrait.
«La fuite en trois étapes faciles: j’ai rempli la valise rouge, appelé un taxi et atterri ici. Je n’ai pas fait la vaisselle, j’espère que tu ne m’en voudras pas. De toute façon, j’habitais chez papa depuis presque une semaine, ce n’est pas moi qui ai dû la salir. Prendre soin de ce qui ne m’appartient pas a toujours été ma manière d’éviter d’occuper de moi-même.» (p.83)

La mémoire

On n’abandonne pas sa mémoire en repoussant une porte derrière soi. Ariane plonge dans une forme d’hibernation. Peu à peu un monde se crée autour d’elle. Le surveillant de l’hôtel qui vit accroché à une émission de télévision; un itinérant qui a pris possession du parc. Elle est fascinée par cet individu qui a tout largué pour devenir un homme sans racines et sans liens.
Elle s’installe dans des habitudes, trouve des points d’ancrage. Un café, un bar et une librairie. Elle prend des photos et écrit des cartes postales. Geste que tous les touristes font en voyage.
«Ce n’est pas la fillette ni l’homme que je prendrai en photo, mais ces gens, assis au fond de l’autobus, qui demeurent insensibles à cette complicité touchante, qui se rendent volontairement aveugles à la beauté du moment. Le bonheur leur parle et ils continuent de regarder le rien devant eux, en faisant semblant de ne pas avoir entendu.» (p.164)

Voyage

Souvenirs d’enfance, un père aimant qui fréquente mal les mots, un amoureux de plus en plus lointain, ressurgissent. Il faut du temps pour mettre un peu d’ordre. Elle s’invente des circuits, se perd dans de longues promenades, vit une aventure avec un musicien, se rapproche de ce garçon qui semble séquestré dans le hall de l’hôtel.
«Voyage léger» est un blues, un mal de vivre et d’être, un désir de changer dans son corps et sa tête. Ce roman n’est pas sans rappeler l’atmosphère de Paul Auster où les personnages disparaissent dans leur ville pour se réinventer.
Cette dérive douce nous ramène aux gestes essentiels de la vie. Une plongée qui permet de refaire surface plus loin, plus tard et de retrouver sa vie en étant semblable et un autre. Un mal d’être qui nous emporte dans le labyrinthe des villes et de l’esprit.

«Voyage léger» de Mélissa Verreault est publié aux Éditions La Peuplade. 

mardi 15 mars 2011

Nicole Houde montre un nouveau visage

Nicole Houde, dans «Bancs publics», présente Pierrot le chat, Jean-Eudes, un ami trop tôt parti, Paul-Émile, l’inventeur de «la machine à réconforter» et sa mère qui a atteint «le bout de son âge».
L’écrivaine jongle avec la théorie de l’évolution des espèces, certaines idées de Karl Marx, la théorie du Big Bang et s’infiltre dans le jardin d’Éden où les pommiers «du Bien et du Mal, de la Connaissance et de la Putréfaction», trahissent les secrets. Madame Houde convoque sa Majesté le vent et les chats volants, les fées et les mages. Il n’en faut pas plus pour croire à la révolution ou l’évolution...
L’imaginaire oui, mais il cède devant la réflexion. Un banc au Jardin botanique de Montréal, un arbre perdu dans ses fleurs, un étang, des papillons et il est alors possible d’oublier la respiration difficile et le pas plus lourd.
Le lecteur qui fréquente l’oeuvre de cette écrivaine reconnaît des thèmes qui marquent une oeuvre romanesque très dense. Le passé surgit entre deux gestes, deux mots, un sourire ou un éclat de rire. Les disparus tournent sur la pointe des pieds et chuchotent à l’oreille des vivants.
«À cet instant, tu n’es plus seule sur la route. Tu sens sa présence. Il arrive parfois que des cailloux nous racontent une histoire et dépose le souffle chaud d’une ombre au creux de nos mains.» (p.124)

Gravité

Même en s’amusant, Nicole Houde ne s’éloigne guère de la gravité qui leste ses ouvrages.
«La mort, la vie et tous ces liens ténus qui nous rattachent aux autres ; il s’agit parfois d’un chapeau, d’une rose, d’un chat ou d’une rivière. Variations d’une partition musicale puisque le langage est, parmi ces liens, le plus fondamental.» (p.46)
Des surprises comme toujours, des bonheurs à lire et relire.

«La terre demeure l’ultime interlocutrice de nos conversations. Nous faisons semblant de ne pas l’entendre. Elle réplique en nous donnant de la neige, du soleil, des ancolies et des épervières. Quand nous l’avons suffisamment rendue abstraite, la terre nous regarde avec les yeux d’un homme ou ceux d’un chat.» (p.17)
Il suffit d’une phrase et Madame Houde fait prendre conscience que respirer est un miracle.
«Comme chaque être humain, je suis une histoire contenant beaucoup d’hiers et une foule de personnages ; les miens se frottent l’âme contre l’épais pelage d’un chat musicien. Il s’appelle Pierrot à cause des clairs de lune. Je lui parle de mon père, né et mort d’une soif sans bon sens, je lui parle de ma mère couchée dans une nuit dont elle ne reviendra pas.» (p.32)
Nicole Houde a l’art d’aborder les choses les plus amusantes et les plus graves avec des images qui figent. Il suffit de s’abandonner entre les rires et la réflexion pour saisir une autre facette de cette écrivaine incomparable. Un bonheur.

«Bancs publics» de Nicole Houde est paru aux Éditions de La Pleine lune.

lundi 14 mars 2011

Elena Botchorichvili nous laisse sur notre faim


C’est par « Le tiroir au papillon » que j’ai connu Elena Botchorichvili, une écrivaine née en Georgie, mais vivant à Montréal. Elle écrit en russe et ses ouvrages sont traduits en plusieurs langues. J’aime particulièrement cette romancière qui brosse des tableaux qui font souvent penser à l’univers de Marc Chagall.
« La tête de mon père » un texte « aussi court qu’un poème, avec seulement les moments les plus lumineux. Un roman sténographique » s’attarde au vécu de la famille du narrateur.
Mzia, la mère, a été actrice, ventriloque dans un cirque et reste une femme particulièrement originale. Une très belle femme qui piège tous les regards.
« Ma mère assumait avec légèreté sa gloire d’actrice, comme son chapeau blanc à large bord. « Je suis belle, disait toute sa personne, qu’y puis-je ? » Sa beauté ne s’éparpillait pas entre ses yeux, sa poitrine, ses jambes et ses robes décolletées. C’était tout cela à la fois, plus un je-ne-sais-quoi, tels des mots inexprimés. On ne voyait que le sommet d’un iceberg dont les huit neuvièmes étaient sous l’eau. » (p.18)
Une femme qui possède l’art de faire tourner le monde autour d’elle sans que rien n’y paraisse.

Couple

Le narrateur nous entraîne en Georgie avant la fin du régime communiste. Le père écrit des discours pour les dirigeants. Sa situation dépend de l’essor de ces politiciens ou de leur disgrâce. Toujours en train de noter, de découper des phrases et de préparer ces fameuses allocutions. Il vit aussi la passion malgré les querelles incessantes avec sa femme, les différences et les tensions quasi quotidiennes.
« Il l’imitait en se penchant en avant, vers un miroir invisible, il mettait sa bouche en cœur, il recouvrait ses lèvres d’un rouge invisible et déclarait d’une voix chantante :
- Mon Dieu, comme j’ai vieilli !
Mes parents ont vécu ensemble quarante ans, et mon père n’a jamais remarqué que ma mère boitait, que l’une de ses petites jambes était plus courte que l’autre. Moi non plus, et je fus terriblement surpris quand je dus traduire son entretien avec un médecin, ici, au Canada. Elle compensait ce défaut physique par une démarche chaloupée. » (p.41)
Des êtres qui se blessent et savent se réconcilier avant qu’une parole ou un geste ne provoquent la catastrophe.

Régime

Une belle manière de plonger dans un régime politique qui s’est défait.
« Mon père s’est retrouvé dans la nomenklatura, car il était un ancien combattant. Mais aussi parce qu’il savait écrire. J’ai déjà dit, en effet, que ça, il savait le faire ! Son chauffeur « personnel » nous conduisait à l’école, ma sœur et moi ; notre famille recevait des colis de provisions pour les fêtes ; nous avions nos entrées dans des magasins à accès restreint ; nous étions soignés dans une clinique réservée aux élites du parti ; nous passions nos vacances dans les stations balnéaires. Les postes qu’il avait occupés portaient des titres différents, mais son travail était toujours identique ; il écrivait. » (p.46)
La mer l’été jusqu’à ce que le père décide de déménager la datcha familiale à la montagne.
« C’est là que se trouvait jadis la datcha que nous avons construite, lui et moi, en nous disputant et en maudissant les rondins numérotés qui avaient séché et s’étaient détrempés durant des années, balayés par les vents du village de Tapla qui n’existe plus. Mon père avait démonté, rondin après rondin, sa maison natale au bord de la mer et avait écrit un chiffre au crayon à encre sur chacun d’eux. Oui, ça, il savait le faire : écrire. » (p.7)
Une entreprise qui s’éternise, à l’image de ce pays qui se défait et n’arrive plus à trouver une direction.

Trop court

Elena Botchorichvili évoque un monde qui s’efface peu à peu des mémoires et des récits de famille. Heureusement, les écrivains fouillent les souvenirs et les ramènent à la vie.
Nous ne pouvons que regretter que son récit soit si court. On en voudrait plus. On souhaiterait un « gros roman. Et lourd, pour qu’on puisse casser des noix avec », dit Mzia à son fils. Elle a bien raison, mais le narrateur n’en fait qu’à sa tête bien sûr.

« La tête de mon père » d’Elena Botchorichvili est paru aux Éditions du Boréal.http://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/auteurs/elena-botchorichvili-971.html

lundi 7 mars 2011

Diane Labrecque ébranle drôlement son lecteur

«Je mourrai pas zombie» de Diane Labrecque présente une jeune femme dans la trentaine. En aidant sa mère à déménager, elle retrouve ses carnets d’adolescence, une période qu’elle croyait révolue. Il suffit de tourner quelques pages pour que resurgissent ces années où elle flirtait avec la mort.
Dib, un nom imaginé, n’a jamais quitté cette époque où elle était en révolte contre l’univers et elle-même. Adolescente anorexique, elle se mutilait avec un couteau de cuisine pour trouver un certain apaisement dans la douleur.
À l’école, elle croise Hubert et François, deux inséparables qui s’intéressaient à celle qui se confondait avec les murs. Une belle amitié s’était installée, une forme d’amour, d’idéal qui n’arrivait jamais à se concrétiser. Une situation assez trouble baignait les rapports du trio. Dib était absolue, intransigeante et obsessive. Les garçons avaient des petites amies pour expérimenter certains jeux sexuels.
«J’aimais Hubert. Il m’aimait. J’aimais François. Il m’aimait. C’était tout et c’était facile. Je ne voulais pas de mal à Jeanne. Mais les choses toutes simples, comme l’amour, tournent toujours en choses compliquées et c’est pourquoi je suis tout le temps fâchée avec la vie. C’était trop tard. Pour Hubert et pour François. Trop tard pour eux. Trop tôt pour moi. C’était la fin. Mais pourquoi cela avait-il même commencé ? Toute cette douce violence.» (p.12)

Triangle

Hubert et François ont récupéré cette rejetée sans l’arracher à une forme de dépression où elle se complaisait. Impossible non plus de vivre l’amour quand on se déteste. L'ivresse physique est une reconnaissance et une acceptation du corps.
L’adolescente résistait, s’efforçait d’avoir le moins de contact possible avec ses parents, s’enfermait dans sa chambre et se noyait dans des lectures. Elle trouvait une âme sœur dans la Bérénice de Réjean Ducharme. C’est peut-être ce qui l’a sauvée: savoir qu’elle n’était pas seule à ressentir un mal terrible de vivre, un malaise du corps et de l’esprit.
«Pour laver l’humiliation des larmes et oublier ma prison, je me suis enfermée dans ma chambre et je me suis ouvert doucement le bras gauche avec un couteau de cuisine. Et quand enfin le sang s’est mis à couler vers le creux de mon coude, ma tête est devenue légère comme un ballon et je me suis envolée vers le ciel si bleu, si bleu.» (p.27)
Dib a beau avoir une fille qu’elle adore, une adolescente sage et équilibrée, son passé la hante. La lecture des carnets la conduit à vouloir retracer ses amis de l’école secondaire pour vivre peut-être ce qu’elle n’a pas osé à l’époque.

Retrouvailles

Hubert a réussi. Il a des enfants et une femme. Ils habitent le plus beau quartier de Montréal. François semble fuir au bout du monde pour ne pas trop réfléchir à ce qu’est sa vie. Le temps leur a joué un vilain tour.
Comment raccommoder sa vie? Peut-on changer ce que l’on a raté à une certaine époque? Que sont devenus les idéaux? Il est peut-être périlleux aussi de vouloir plonger dans son passé pour ressasser de vieilles blessures. Dib va l’apprendre en basculant dans les excès qui ont failli la tuer.
«La violence des trois shooters de rhum qu’elle s’envoya au comptoir avant de s’asseoir auprès d’eux n’atténua en rien celle de voir François et Hubert réunis devant elle, pour elle, après dix-huit ans d’absence, elle, leur lien.» (p.169)
La jeune femme retrouve son vieil ennemi l’alcool au grand désespoir de sa fille.
Le lecteur est souvent ébranlé par cette adolescente qui se retourne contre elle et qui possède une incroyable capacité de tout gâcher. Malgré elle, Dib sera sauvée d’une certaine façon par les deux garçons.
Il faudra qu’elle touche le fond du baril une fois de plus pour revenir vers sa fille, sa seule raison d’être, son équilibre.
Un roman truffé de références littéraires, porté par une colère et une rage bouleversante. L’écriture de Diane Labrecque se tient en équilibre sur un fil qui menace à tout moment de se rompre. Le lecteur retient son souffle.

« Je ne mourrai pas zombie », de Diane Labrecque est publié aux Édiditions Hurtubise.