lundi 1 juillet 2013

Trois femmes innues prennent la parole


Shan dark
Louve Mathieu
Spectacle de lecture à Chicoutimi le 2 juin dernier, après des arrêts à Pessamit, Sept-Îles et Baie-Comeau. Trois femmes, des Innues, les auteures d’un collectif de haïkus au titre intriguant: «S’agripper aux fleurs». Peu de spectateurs ce soir-là, une vingtaine tout au plus. Une soirée du genre n’attire jamais la foule. Nous ne sommes pas au Festival International des Rythmes du Monde et pourtant.

Louise Canapé
Trois femmes donc sur la petite scène du Sous-Bois, rue Racine. Louise Canapé, Louve Mathieu et Jeanne-d’Arc Vollant (Shan dak) mettaient fin à une tournée sur la Côte-Nord et au Saguenay. Trois expériences portées par la comédienne et lectrice Josée Girard. Une lecture marquante, une sobriété dangereuse. Mise en scène discrète de Louise Saint-Pierre, décor évocateur de la pensée des Innus. Trois voix singulières pour des confidences troublantes, esquisser des univers qui se sont croisés grâce à Francine Chicoine.
Tout a commencé au Camp littéraire de Baie-Comeau qui se consacre aux haïkus. Les trois femmes souhaitaient se familiariser avec ce petit poème qui en fascine plus d’un. Francine Chicoine leur a proposé d’écrire un livre pour parler à voix basse, échanger sur leurs expériences, leur être peut-être.
«Ce projet, nommé initialement Innu-haïku, a débuté par une première rencontre de travail, en août 2009. Nous nous sommes alors entendues sur le fait que le projet devait refléter la culture innue et être empreint d’une saveur typiquement autochtone.» (p.8)
Il y a eu les hésitations, des silences. Pourtant les mots sont venus malgré les doutes, les craintes et les découragements.
«Je me sens comme le joueur de teueikan, en communication directe avec le monde des songes. Moi, je capte des moments privilégiés que je garde précieusement jusqu’à l’éclosion d’une image qui décrit l’ensorcellement de cet instant, en lien avec ma perception innue», écrit Jeanne-d’Arc Vollant (Shan dark).
Louve Mathieu réplique dans un souffle qui laisse pantois. Une blessure de l’être trouve enfin une manière de se dire.
«C’est ainsi que j’existe, poings fermés, avec du sang dans la paume à force de serrer les pierres et d’essayer de me relever en laissant le rouge écrire sur le sable et la page. Ce sont mes cailloux; c’est ma seule prétention quant à mes propres mots.» (p.80)

Une fenêtre

Un monde s’esquisse, une fenêtre s’ouvre brusquement pour se refermer aussitôt. Le territoire perdu hante les haïkus, la condition d’autochtone aussi.
«territoire innu
  sous les pylônes d’acier
  des plants rabougris» (p.62)
Le pays n’existe plus que dans les légendes et les contes, la vie nomade s’est réfugiée dans un rêve imprécis. La réserve enferme avec ce que cela comporte ou encore il y a peut-être une vie du côté des Blancs en niant son être et son essence.
L’alcool, la drogue, la désillusion, les espoirs difficiles à garder dans ces lambeaux de territoire pointent discrètement.
«Premier jour du mois
  sur un carré de miroir
  deux lignes blanches» (p.66)
La détresse, la perte de sens, l’inactivité, l’alcoolisme se profilent dans ces brefs poèmes souvent bouleversants. Des coups au cœur. Toute la détresse du monde en si peu de mots.
«jeune fille assidue
  à l’école Uashkaikan
  huitième mois de grossesse» (p.35)
Les secrets aussi, l’existence tordue après des agressions qui ont souillé l’innocence et l’enfance.
«Lit d’enfant
  s’agripper aux fleurs du drap
  avant la pénétration»   (p.102)
Si le spectacle était intense, bouleversant même, la lecture du recueil «S’agripper aux fleurs» m’a entraîné dans une réalité autre, un monde que je connais si mal. Que dire de ce pays dans le pays que nous nous appliquons souvent à nier?
Un geste unique pour ces femmes, une quête qui permet d’aller au fond de soi pour que l’innommable s’accroche à des mots. L’une évoquera la culture, les traditions, l’autre sa condition d’autochtone avec les humiliations qui se multiplient dans la vie de tous les jours. Et il y a l’intime, la négation de l’être qui perturbe. Les trois évoquent l’état de ce peuple dépossédé de sa culture et de son territoire. Le mot s’impose alors avec une force et un poids formidable. «S’agripper aux fleurs» va à l’essentiel, se tourne vers des voix qui viennent de loin et qu’il faut écouter. Entendre surtout.

«S’agripper aux fleurs» de Louise Canapé, Louve Mathieu et Jeanne-d’Arc Vollant (Shan dak) est paru aux Éditions David.

lundi 24 juin 2013

Hervé Gagnon peut provoquer la dépendance



Quatre mois après la parution du «Glaive de Dieu», premier tome de «Vengeance», Hervé Gagnon publie «Le grand œuvre», la suite. Cet écrivain écrit à un rythme étourdissant. Son héros, Pierre Moreau, se débat entre des factions qui sont prêtes à tout pour mettre la main sur l’Argumentum. Celui qui percera le secret de ce document pourra faire s’écrouler les assises de la civilisation occidentale.

Pierre Moreau, fils de Jean-Baptiste-Michel Leclair, modeste professeur d’histoire, est entraîné chez les francs-maçons par son futur beau-père, Émile Fontaine. C’est le début d’une aventure époustouflante où les assassinats se multiplient autour du jeune homme. Il se retrouve au centre d’une guerre qui oppose l’Église catholique par le biais du Gladius Dei et l’Opus Magnum des francs-maçons qui tentent de respecter les promesses des Templiers qui ont juré de protéger le précieux document retracé à l’époque des Croisades. Cette tablette remet en question l’existence de l’Église, de Dieu même. Nous savons que l'Argumentum se retrouve en Amérique du Nord, quelque part dans la ville de Montréal. C’était à peu près la trame du premier volet.

Héritier

Pierre, dernier d’une lignée de gardiens, est le seul à pouvoir trouver l’endroit où a été dissimulé le document. Il est l’héritier que l’Opus Dei cherche à éliminer pour que personne ne mette la main sur l’Argumentum et l’utilise. Les francs-maçons n’entendent pas abandonner si facilement. Les opposants s’affrontent dans une guerre où tous les coups sont permis. Et voilà qu’un autre groupe joue du coude dans l’ombre. Des Juifs, des descendants de la tribu de Levi, convoitent cet écrit afin de faire des pressions sur la communauté internationale, pour parvenir enfin à créer l’État d’Israël. Nous voilà dans l’actualité.
Les attentats se multiplient, les tromperies, les trahisons, les meurtres et les surprises. Tous ont besoin de Pierre Moreau pour mettre la main sur le secret tant convoité. Le jeune homme a des raisons personnelles de chercher ce document. Il veut à tout prix libérer Julie Fontaine, sa promise, qui a été enlevée par la faction juive.

Amour et actions

Des morts reviennent à la vie mystérieusement, des disparus surgissent. Peu à peu, le lecteur plonge dans un monde parallèle. Il faut arriver les premiers dans cette course où chaque seconde compte. Le professeur d’histoire déchiffre certaines énigmes à partir d’un tableau de Nicolas Poussin: «Les bergers d’Arcadie». Il est convaincu que l’Argumentum se retrouve dans la tombe de Jeanne-Mance, la fondatrice de Montréal avec Paul Chomedey de Maisonneuve.
Poursuites effrénées dans les rues de Montréal, recherches pour retrouver le tombeau de Jeanne-Mance qui n’est pas situé à l’endroit que les historiens ont prévu.

Là, je suis devenu frénétique, lisant sur le bout de ma chaise, tournant les pages à un rythme inhabituel, moi qui aime m’attarder sur les phrases. Je voulais savoir et même si j’avais un peu la prétention de percer deux ou trois mystères, je dois avouer qu’Hervé Gagnon a réussi à me mystifier et à multiplier les fausses pistes. Et cela jusqu’à la toute fin où la course semble vouloir trouver un second souffle quelque part dans l’Ouest canadien.

La Bible

J’ai eu un peu de mal avec la partie biblique du roman au début, comprenant mal ce long détour. Rapidement pourtant, j’ai vu que c’était de ce côté des choses que viendraient les explications. Hervé Gagnon réussit à donner une couleur contemporaine aux longs exils des Juifs relatés dans la Bible et à leurs revendications millénaires. La volonté de créer un état israélien domine le cours de l’histoire de ce peuple de nomades et n’a pas été sans provoquer nombre de frictions et de guerres. Un rêve qui a connu son aboutissement après la fin de la Deuxième Guerre mondiale. L’auteur se sert habilement de ces faits historiques pour nous bousculer.
Que dire? Hervé Gagnon multiplie les traquenards, les indices, nous plonge au cœur d’une aventure fascinante. Ce marathon ne prend fin qu’à la page 439 d’un récit étonnant. Et même là, on en voudrait encore parce que cet écrivain nous rend insatiable, accroc aux aventures qu’il déploie avec les aisances d’un prestidigitateur. La lecture des romans d’Hervé Gagnon peut provoquer la dépendance, j’en suis convaincu.

«Le grand œuvre» d’Hervé Gagnon est paru aux Éditions Hurtubise.

dimanche 16 juin 2013

Jacques Girard est un grand humaniste



Jacques Girard écrit depuis toujours, du moins je l’imagine, avec des bouts de crayon qui tiennent tout juste entre ses doigts. Une écriture qui prend de l’espace sur les pages des carnets qui ne le quittent guère. Il explore Roberval et ses environs depuis sa première publication en 1996, à la manière de son père qui hantait un territoire de chasse dans le secteur de Sainte-Hedwidge. Sa mère est née dans ces terres, sur une ferme où le jeune garçon a connu des étés inoubliables.

J’hésite à dire que Jacques Girard écrit des nouvelles. Il possède l’art de l’esquisse, des grands traits. Tout est matière à écriture pour lui. Il regarde, écoute et un sujet s’impose. Ce qu'il recherche, c’est l’émotion qui affleure et retient le lecteur. Il s’attarde à son enfance, tourne autour de certains individus que la vie a secoués de bien des façons. 

Famille

Dans «Attendez au moins la fin de l’histoire», sa famille immédiate devient plus présente. Son épouse Diane et ses enfants, ses petits-enfants aussi. Avec le temps, un corps qui connaît des hésitations, l’écrivain est plus sensible aux grandes et petites joies qui bousculent le quotidien.
«Si vous passez en automne à La Tuque, ne soyez pas surpris si vous voyez dans le ciel des traînées jaunes qui volent en forme de U. Ce phénomène m’intriguait. Diane et moi étions en promenade chez notre fille Renée-Claude et son partenaire de vie, Gilles. Ce jour-là, Cora-Lee s’amusait avec les voisines, tandis que moi je me promenais avec Elliot dans le parc voué à la mémoire de Félix Leclerc situé à proximité, le long de la Saint-Maurice.» (p.75)
Pas d’explications. À nous de faire le lien.
Ses textes, d’un livre à l’autre, forment un florilège de portraits assez unique. Guy-Marc Fournier, par exemple, ce journaliste et romancier qui l’a entraîné dans le monde de la lecture et lui a fait connaître l’étrange métier de correspondant pour «Le Quotidien» au Lac-Saint-Jean. Avec ce travail, l’enseignant pouvait vivre les grands événements de son secteur. La Traversée du lac Saint-Jean à la nage par exemple dont il rédigera l’histoire. Je n’ai pu qu’en faire un personnage de mon roman «Le voyage d’Ulysse». À Roberval, Jacques Girard est connu comme Barabbas dans la passion.

Enseignant

L’auteur n’hésite jamais à parler de son métier d’enseignant, des rencontres qu’il y a faites, des collègues, mais aussi des jeunes qui se démarquaient, de certains originaux. Il faut entendre ses anciens élèves parler de lui pour comprendre qu’il a été un maître important. Il avait la particularité de circuler dans les couloirs de la polyvalente de Roberval avec des chariots chargés de romans et de livres de poésie qu’il distribuait à gauche et à droite. Un genre de colporteur littéraire qui mettait la lecture en avant de tout. Un passeur exceptionnel. Le plus grand lecteur que je connaisse. Il a tout lu et possède une mémoire phénoménale. Il est capable de parler d’un ouvrage qu’il a parcouru il y a des années et vous avez l’impression qu’il vient à peine de le glisser dans un rayon de sa bibliothèque.

Le familier de Jacques Girard retrouve souvent une référence à un écrivain ou une citation dans ses textes. Lire est aussi une manière d’écrire pour lui.
Le Robervalois possède sa table au café Yé, boulevard Saint-Joseph, juste à côté de la bibliothèque Georges-Henri-Lévesque qu’il fréquente. Son bureau qu’il aime à répéter. L’écrivain s’y retrouve tous les jours quand sa santé le lui permet. Il tente de nous faire croire qu’il écrit. Je le soupçonne de parler plutôt avec les clients qui défilent. Il est l’auteur de Roberval et tous ses lecteurs le connaissent. Il va même jusqu’à faire la livraison d’un exemplaire de son dernier ouvrage à la maison. Trouvez un écrivain qui fait cela.
«Attendez au moins la fin de l’histoire» est un autre moment de cette fresque qui ne cesse de prendre de l’ampleur depuis presque vingt ans. Une œuvre particulière, écrite pour les gens qu’il aime. «Je suis un écrivain public», répète-t-il. Il est plus que ça. Jacques Girard est le témoin d’un milieu qu’il ne cesse de réinventer. L’écriture peut servir aussi à cela. Tous ceux qui le croisent risquent de se retrouver un jour ou l’autre dans ses croquis. Une preuve de sa générosité et de son humanisme.

«Attendez au moins la fin de l’histoire» de Jacques Girard est paru aux Éditions Portes ouvertes.

dimanche 9 juin 2013

Aurélien Boivin : un travail remarquable


Un autre fleuron de la collection des Éditions Trois-Pistoles vient de paraître avec «Contes, légendes et récits de l’île de Montréal, 1. Montréal: une ville à inventer». Et ce n’est là que le premier volet de cette entreprise gigantesque. Plus de 800 pages attendent le lecteur et rien ne dit que la suite subira une cure d’amaigrissement. De quoi plonger dans la littérature du Québec, découvrir sa richesse et la variété de son répertoire.

Il fallait bien y arriver à cette île de Montréal après des séjours au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en Abitibi, dans le Bas-Saint-Laurent, la région de la Gaspésie, des Iles-de-la-Madeleine et Québec. Montréal n’a rien perdu dans l’attente. L’agglomération qui a été longtemps la métropole du Canada et la ville francophone la plus importante de l’Amérique du Nord ne peut que réserver des surprises.
Aurélien Boivin, le mentor de cette publication, a fait un travail colossal et a dû se restreindre au territoire de l’île pour se frayer un chemin dans la multitude de textes qui touche cette région. Il a oublié volontairement les banlieues, la Rive-Sud de cette cité qui s’avère le cœur d’un vaste territoire et le poumon du grand Québec. Les choix, malgré cette limitation dans l’espace, ne furent pas de tout repos, on s’en doute. Des forces et certaines couleurs plutôt étonnantes se dégagent de cette compilation.
«Autant l’anthologie «Contes, légendes et récits de la région de Québec» a fait une place importante aux récits légendaires, devant leur abondance, autant ces récits basés sur un fait réel déformé par la tradition, le bouche à oreille, en somme et exploitant un phénomène surnaturel mettant en scène diable, loup-garou, feu follet, revenant, mendiant jeteur de sorts…, sont beaucoup plus rares dans l’île de Montréal, sans qu’il ne soit possible, même après avoir consulté quelques spécialistes, d’expliquer une telle rareté.» (p. XLIII)   
Peut-être que le diable préfère se tenir loin de la grande ville où le mal séjournait en permanence selon une certaine tradition littéraire qui prônait l’occupation du territoire et la colonisation. Et comment cet énergumène aurait-il pu tenir tête aux guerriers farouches qu’étaient les Iroquois?

Beau mélange

Aurélien Boivin mélange habilement les récits, les contes, les nouvelles, de la poésie et des textes de chansons. Humour aussi, textes érotiques et proses plus sérieuses. Il ne manque que l’expérience théâtrale pour compléter l’exploration. Le lecteur peut s’attarder aux débuts de la colonisation par les Blancs, l’arrivée de Jeanne-Mance et Maisonneuve, sentir la présence des Iroquois et vivre certains actes d’héroïsme.
Plus que tout, j’ai été souvent étonné. Certains écrivains ont gardé une belle fraîcheur malgré les bonds dans le temps. Je pense à Eugène Achard surtout. Un style clair, limpide et contemporain.
Curieusement, plusieurs des écrivains cités sont plutôt négatifs envers la grande ville. Ringuet, Denise Bombardier, Hubert Aquin et Lise Bissonnette se montrent sans pitié.
«La misère urbaine à Montréal, c’est tout cela, mais c’est également une dégradation du mobilier urbain, des rues à la chaussée défoncée qui ressemblent à celles d’un pays en guerre et une saleté qui ne s’explique pas uniquement par la fin de l’hiver. La ville est devenue sale, et il faut avoir voyagé un tant soit peu pour s’en rendre compte.» (p.16)

Pourtant, selon les récits des explorateurs et des fondateurs, l’île de Montréal était un paradis à l’origine. Les activités humaines semblent avoir eu un effet particulièrement négatif sur l’environnement.

Aventure

À noter l’absence de Gabrielle Roy et son incontournable «Bonheur d’occasion». Un choix éditorial du chercheur. Je pense aussi à Yves Beauchemin qui a beaucoup décrit Montréal. Jean Basile, Michel Vézina, Pierre Gélinas et même Hervé Gagnon pourraient s’ajouter à la liste. Il serait aussi intéressant de scruter la présence de Montréal dans les écrits des romanciers anglophones, Mordecai Richler entre autres, ou le poète Leonard Cohen. Boivin a fait face à des choix déchirants.
Tous les textes décrivent une belle aventure américaine avec ses caractéristiques, ses obsessions religieuses et sociales. L’imaginaire aussi. Comment ne pas sourire en lisant Marcel Godin qui dresse un portrait mordant des écrivains importants des années 70 dans «Le poisson rouge».
L’ensemble, malgré des formes changeantes, s’impose et donne un portrait saisissant du territoire de l’île de Montréal avec sa montagne qui se profile, peu importe les époques. Une formidable aventure dans les écrits d’ici et un survol incomparable d’une littérature qui s’est enracinée dans la réalité du Nouveau Monde. Un ouvrage indispensable.

«Contes, légendes et récits de l’île de Montréal 1. Montréal: une ville à inventer» d’Aurélien Boivin est paru aux Éditions Trois-Pistoles.